Le même et son contraire
L’eau et le feu. Pour une fois ensemble et s’attirant. D’un côté les vagues dans un enroulement incessant, de l’autre le miroir, l’impassibilité obstinée du miroir. D’un côté la paix de l’eau gelée qui protège son mystère, de l’autre le fleuve en crue qui déverse et déverse. D’un côté l’émotion violente, de l’autre le silence assourdissant. D’un côté Stravinsky, son sacre du printemps, de l’autre l’hiver de Vivaldi, notes et neige immaculées. D’un côté la prière, de l’autre le tourment. D’un côté le passage en force de la lumière à la forme, de l’autre la sérénité d’une clarté en apparence neutre, synthèse éblouissante des sept couleurs du spectre. D’un côté la gesticulation furieuse, incroyablement maîtrisée, des vides et des pleins, de l’autre le geste bref, méticuleux, mathématique qui n’autorise que le cercle ou le trait ou le point. D’un côté la sensualité affichée, la volupté de l’herbe qui se donne libre cours, de l’autre la pudeur attisante, secrète, anxieusement contenue.
Lire la suite…