THEOREME
Il y en a plein, comme les volutes de l’Etna.
Des noirs des blancs parfois des rouges ou des gris.
Ce sont des jeux de formes géométriques, des lignes de surfaces, mais aussi des plans des forces, du hasard beaucoup, de l’humour.
Puis il y a le Monde, les murs, qu’il voit blancs, la nature, d’autres murs, d’autres espaces qui s’imposent et qu’il modifie par ses créations.
Un objet « tableau » ou « sculpture » de Jouët est insolite, l’accumulation des « Jouët » trouble, puis réjouit.
Jouët (quel nom) veut de la géométrie partout, s’efforce de souligner des lignes pures les crevasses d’un tronc (peint aussi).
Un objet de Jouët peut seulement interloquer, un environnement de Jouët, comme sa maison, accueille.
Veut-il aussi comprendre et réduire le monde ?
Mais le Monde se venge et le pousse, à frénétiquement, inventer de petits jeux pour le réécrire en formes simplissimes.
Perdu d’avance Michel !
Tu sais bien que le monde de l’homme ne peut pas rester dans un carré blanc sur fond blanc.
Tout est sens et Michel Jouët un curieux qui adore ses métiers de haute technicité et de rapports humains.
Dans quel « isme » est-il ?
Quelle importance.
Voyez ces classeurs de dessins innombrables, ces images si variées qu’il travaille en orfèvre (lui qui dit que la réalisation ne l’intéresse plus).
Il est de noir vêtu et sa peau est sombre.
Sa maison est blanche en dedans, austère et brune ferme des Mauges en dehors.
Lui, si voyageur, si homme de Commerce des vieilles civilisations, il est des Mauges, il renvoie à ce terroir.
À sa sensualité cachée
Il y a de la sève dans ses objets de géométrie gratuite.
Pas de discours pseudo–métaphysique, ni de pathos matheux et pseudo–scientifique,
Jouët fait parce que cela lui plaît et aussi parce qu’il veut faire partager sa régurgitation heureuse du Monde débordant.
Il faut qu’il dessine, construise. Tout cela peut lasser, comme peut lasser la contemplation du carré noir.
Allez, laissez-vous aller, un peu de beauté pure…
Claude Renouard Conservateur 1990