Eric Morin

Le travail de Michel Jouët est dense et fécond. Il nous mène de surprise en surprise malgré l’économie de moyens mis en œuvre. L’apparente rigueur de ces prodictions minimalistes ne peut guère occulter le foisonnement des expérimentations sous-jacentes.

Et il y à là comme une -malicieuse- incitation à a créativité à laquelle il est bien difficile de résister. Ainsi, les traits et les trames se perdent-ils dans des jeux aux variations infinies. La lumière et le mouvement se moquent d’une perception trop assurée de la réalité tandis que les transparences ajoutent au trouble. Le carré, forme privilégiée s’il en est, doit de temps en temps accepter la cohabitation avec le cercle, voire même lui céder la place. Les pliages et les recouvrements appellent insensiblement la venue des volumes qui ne manquent jamais de pencher vers des équilibres instables. Les effets d’opacité ouvrent la voie aux dégradés de gris, véritable mise en couleur du noir et du blanc alors que les autres couleurs, instillées parcimonieusement, claquent avec retentissement. Le recours aux  matières les plus diverses (fil toile, métal, verre, plastique ou plume…) permet de démultiplier les points de vue.  Et le désordre, indispensable à l’ensemble, est  apporté par les cassures, les fractures ou pour le moins les fractionnements qui font disparaitre cadres et frontières.
Ainsi va la découverte de l’œuvre de Michel Jouët, au gré d’irrésistibles retournements et de nécessaires dépossessions. L’abandon est délicieux pour qui s’éloigne des apparences. N’a-t-on pas écrit, à juste titre, à propos de cet artiste que l’ordre est au service de la volupté » ?

 

Eric MORIN – 2009
Conservateur de musées